Mise à jour : novembre 2024
► Mpox : généralités
Le monkeypox ou Mpox appartient à la famille des Orthopoxvirus dont le virus de la variole était le principal représentant. Son élimination a été déclarée par l’OMS en 1980. La population mondiale qui n’est plus vaccinée contre la variole voit sa réceptivité vis-à-vis de monkeypox augmenter.
Ce virus est présent chez certains animaux, singes et rongeurs, occasionnant chez l’homme des petites épidémies après contact avec les animaux réservoirs.
Il existe 2 types ou clades de Mpox :
- le clade 1 est endémique chez l’homme en Afrique centrale et particulièrement au Congo . Le nombre de cas est habituellement restreint. La transmission interhumaine est assez limitée Depuis 2024 le nombre de cas d’infections à clade 1 augmente en Afrique,
- le clade 2 a été responsable d’une pandémie ayant débuté en 2022 et qui a touché essentiellement les HSH par contact cutanéo-muqueux et sexuels.
► Épidémiologie
Une épidémie due à un nouveau clade IIb, diffèrent du clade 1 qui est habituel en Afrique, s’est largement répandue dans le monde depuis 2022.
Elle se caractérise par :
- une transmission majoritairement entre HSH,
- 99 176 cas et 208 décès,
- 122 pays concernés (seuls 7 pays d’Afrique avaient déjà rapporté des cas).
En France, on a recensé plus de 5000 cas, dont plus de la moitié en Ile-de-France. Le pic de contaminations a eu lieu fin juin/début juillet 2022. Depuis début juillet 2022 l’incidence des cas a fortement diminué. La très grande majorité des cas confirmés sont survenus chez des adultes et de sexe masculin. Les cas confirmés adultes ont un âge médian de 36 ans, ont des partenaires sexuels multiples et sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. A ce jour, les cas signalés sont majoritairement bénins et aucun décès n’a été signalé.
Depuis l’épidémie de 2022, le virus du clade IIb a continué à circuler à bas bruit en France. Au total, 143 cas de Mpox de clade II étaient recensés entre le 1er janvier et le 3 septembre 2024.
Données Santé Publique France : https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-transmissibles-de-l-animal-a-l-homme/mpox
Depuis 2022, les données de surveillance internationale montrent la persistance d’une circulation virale Mpox sur tous les continents, en particulier en Afrique Centrale, avec un nombre faible de cas notifiés. Cependant, le 14 août 2024, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale face à la circulation active du Mpox de clade I en Afrique.
En effet, depuis le début de l’année 2024, plus de 18 000 cas de Mpox clade 1 ont été notifiés en Afrique dont plus de 95 % ont été rapportés en République démocratique du Congo (RDC), avec plus de 15 000 cas suspects et plus de 500 décès rapportés, dépassant déjà le nombre de cas observés en RDC en 2023.
Au 18 septembre 2024, 3 cas de Mpox du clade I ont été détectés en dehors d’Afrique centrale (Suède, Maroc et Thaïlande).
En date de septembre 2024, aucun cas dû au clade I n’a été diagnostiqué à ce jour en France. Toutefois, au vu de la circulation active du virus au niveau international, il est possible que des cas sporadiques soient déclarés en France.
- https://www.who.int/publications/m/item/multi-country-outbreak-of-mpox–external-situation-report-36–14-september-2024 en ligne sur le site WHO
- https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-transmissibles-de-l-animal-a-l-homme/mpox/documents/bulletin-national/cas-de-mpox-en-france.-1er-janvier-17-septembre-2024, en ligne sur le site de SpF
► Mode de transmission
La transmission interhumaine se produit principalement lors d’un contact prolongé direct physique cutanéo-muqueux avec une personne infectée (tel que relations sexuelles) et par l’intermédiaire d’ inoculation de liquides biologiques.
La transmission en face à face par voie respiratoire : par l’intermédiaire de gouttelettes respiratoires ou par des liquides des lésions cutanées ou des muqueuses, ainsi que par l’intermédiaire des objets que le malade a pu contaminer, comme des vêtements ou du linge de lit, est est une éventualité non démontrée.
► Clinique
C’est une maladie éruptive cutanéo-muqueuse avec des lésions évoluant du stade papule, vésicule, au stade pustule et croûte, accompagnées parfois de fièvre et d’adénopathies et de douleurs notamment en cas de lésions muqueuses.
Le patient est contagieux du début des symptômes jusqu’à la guérison complète des lésions cutanéo-muqueuses.
Le diagnostic est clinique, mais peut être confirmé par la biologie : identification du virus notamment par PCR ou RT-PCR (réalisée sur prélèvements cutanés, prélevés par écouvillonnage, ou naso-pharyngé en cas de poussée éruptive dans la bouche ou la gorge).
Pour en savoir plus sur la maladie et sa prise en charge :
➔ le site COREB soignant :
- fiches pratiques : » Prendre en charge les patients : fiches pratiques «
- diaporama : « Infection par le Mpox, état des connaissances » : https://www.coreb.infectiologie.com/UserFiles/File/monkeypox/coreb-diapompox-formation-05092024.pdf
➔ l’article : Gessain A, Nakoune E, Yazdanpanah Y. Monkeypox. N Engl J Med. 2022 Oct 26
► Protection des personnels
Les mesures de protection des personnels soignants doivent être appliquées dès la suspicion et découlent des modes de transmission (interhumaine directe et indirecte) par contact et voie respiratoire. Cela dit, les recommandations initiales ont été revues par la SF2H, considérant que les cas de transmission par voie aérienne étaient très limités et discutables . En ligne sur le site de la SF2H : Monkeypox : revue de la littérature et recommandations.
Ainsi, le soignant qui prend en charge le patient doit respecter les précautions contact et le port d’un masque de soin. Le port de gants n’est recommandé que dans le cadre des précautions standard (risque de contact avec une peau lésée, les muqueuses ou des liquides biologiques) et l’utilisation du masque FFP2 est limitée aux recommandations pour les situations à risque d’aérosolisation quel que soit le microorganisme en cause.
Deux publications récentes10-11( 2024) confirment également que le risque de transmission au personnel soignant est très faible , en dehors d’un accident percutané avec une aiguille souillée
► Vaccination
Depuis le 11 juillet 2022, en plus des personnes qui ont eu un contact à risque avec une personne malade, les personnes entrant dans les indications retenues par la HAS sont :
- les travailleurs-ses du sexe,
- les professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle,
- les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes rapportant des partenaires sexuels multiples,
- les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples,
- les personnes en situation de prostitution,
- les professionnels des lieux de rencontre sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux,
- les partenaires ou les personnes partageant le même lieu de vie que les personnes mentionnées ci-dessus,
- la vaccination peut aussi être envisagée au cas par cas pour les professionnels de santé amenés à prendre en charge les personnes malades.
Ces personnes peuvent prendre rendez-vous pour se faire vacciner dans des sites spécifiques identifiés par le ministère de la santé : coordonnées disponibles sur sante.fr/monkeypox
➔ Voir l’actualisation des recommandations de vaccination Mpox – HAS : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3538112/fr/mpox-mpxv-la-has-actualise-ses-recommandations-vaccinales-pour-mieux-lutter-contre-la-circulation-du-virus en ligne sur le site de la HAS
➔ Voir l’avis relatif aux mesures de prévention actualisées vis-à-vis de l’infection due au virus monkeypox pour les personnes se rendant dans la zone d’épidémie (voyageurs et professionnels de santé dans le cadre de missions humanitaires)- HCSP – 2 septembre 2024 ; en ligne sur le site du HCSP
► Traitement
Les traitements antiviraux spécifiques (tecovirimat, brindicidofovir) sont encore en cours d’évaluation.
► Cas de Mpox acquis en milieu de soins chez le personnel soignant
Une revue de la littérature :Monkeypox-transmission-following-exposure-in-healthcare-facilities-in-nonendemic-settings-low-risk-but-limited littérature/ (Publié en ligne par Cambridge University Press, 2022) été réalisée dans les pays non endémiques et avant l’épidémie actuelle de mai 2022. Elle ne retrouvait sur 12 articles entre 2000 et 2022 qu’1 seul cas possible de transmission de la maladie a un soignant probablement en lien avec l’inhalation de matériel infecté provenant de la réfection du lit d’un patient sans masque.
Actuellement (depuis mai 2022), une dizaine de cas1–9 en lien avec une contamination probable et/ou prouvée en milieu de soins ont été rapportés chez les personnels soignants (médecins, internes en médecine et infirmiers), en provenance de différents pays ( USA, Corée, Israël, Allemagne, France, Portugal, Brésil) et sont résumés dans le tableau 1.
Ces cas appellent quelques commentaires :
Il s’agit dans la majorité des cas d’un accident d’inoculation percutanée de liquide contaminé, par piqure du soignant avec un matériel souillé au niveau des doigts de la main. Une contamination par contact avec des surfaces souillées est évoquée pour quelques cas. La lésion évolue localement au point d’inoculation (macule, papule, vésicule, pustule, ulcération, sur une durée de quelques jours à semaines), souvent accompagnées de signes inflammatoires loco régionaux, lymphangite et signes généraux, mais peu de lésions « à distance » du point d’inoculation.
Pour autant, ces accidents sont potentiellement évitables :
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Il est bien spécifié actuellement que la confirmation microbiologique par PCR sur prélèvement de lésions cutanées et/ou muqueuses n’est plus indispensable au diagnostic, lorsque les cas sont possibles ou probables d’après les données cliniques et/ou épidémiologiques.
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Si toutefois un prélèvement est indiqué, celui-là doit être réalisé avec un écouvillon et il n’est nullement recommandé de prélever les lésions cutanées à l’aide d’une aiguille.
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Le système de sécurité d’un matériel piquant doit être activé immédiatement après le geste.
Enfin tout accident d’exposition à un liquide biologique doit être déclaré en accident du travail et doit être évalué par un médecin référent afin d’évaluer la pertinence d’une prophylaxie post exposition (vaccination au mieux dans les 4 jours).
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► Bibliographie
1- Migaud P, Hosmann K, Drauz D, Mueller M, Haumann J, Stocker H. A case of occupational transmission of mpox. Infection. Published online February 3, 2023. doi:10.1007/s15010-023-01989-x
2. Le Pluart D, Ruyer-Thompson M, Ferré VM, et al. A Healthcare-Associated Infection With Monkeypox Virus of a Healthcare Worker During the 2022 Outbreak. Open Forum Infect Dis. 2022;9(10):ofac520. doi:10.1093/ofid/ofac520
3. Choi Y, Jeon E bi, Kim T, et al. Case Report and Literature Review of Occupational Transmission of Monkeypox Virus to Healthcare Workers, South Korea – Volume 29, Number 5—May 2023 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2905.230028
4. Caldas JP, Valdoleiros SR, Rebelo S, Tavares M. Monkeypox after Occupational Needlestick Injury from Pustule – Volume 28, Number 12—December 2022 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2812.221374
5. Mendoza R. Monkeypox Virus Infection Resulting from an Occupational Needlestick — Florida, 2022. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2022;71. doi:10.15585/mmwr.mm7142e2
6. Monkeypox Virus Transmission to Healthcare Worker through Needlestick Injury, Brazil – Volume 28, Number 11—November 2022 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. Accessed June 29, 2023. https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/28/11/22-1323_article
7. Safir A, Safir M, Henig O, et al. Nosocomial transmission of MPOX virus to health care workers –an emerging occupational hazard: A case report and review of the literature. Am J Infect Control. Published online February 2, 2023. doi:10.1016/j.ajic.2023.01.006
8. Alarcón J, Kim M, Balanji N, et al. Occupational Monkeypox Virus Transmission to Healthcare Worker, California, USA, 2022 – Volume 29, Number 2—February 2023 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2902.221750
9. Salvato RS, Ikeda MLR, Barcellos RB, et al. Possible Occupational Infection of Healthcare Workers with Monkeypox Virus, Brazil – Volume 28, Number 12—December 2022 – Emerging Infectious Diseases journal – CDC. doi:10.3201/eid2812.221343
10. Wetsch WA, Heger E, Drinhaus H, Böttiger BW, Overbeek R, Lehmann C, Fätkenheuer G, Jung N, Fischer J, Kneifel J, Zweigner J, Klein F, Wieland U. Lack of monkeypox virus (MPXV) transmission despite occupational exposure of a large number of health care workers. J Med Virol. 2024 Jan;96(1):e29353. doi: 10.1002/jmv.29353. PMID: 38178611.
11. Zelencik S, VanDine A, Campos-Bovee M, Goitia K, Cela V, Walblay K, Galanto D, Pacilli M, Kim DY, Black SR. Health Care Personnel Exposure Risk Assessment and Management During a Mpox Outbreak in Chicago, Illinois, 17 May to 8 July 2022. J Infect Dis. 2024 Mar 26;229(Supplement_2):S207-S212. doi: 10.1093/infdis/jiad531. PMID: 38019754.