Risque pour les professionnels de santé
Le risque professionnel chez les soignants a fait l’objet de multiples études, de qualité variable.
Si ce risque est avéré, son niveau est complexe à évaluer car il varie d’une région ou d’un pays à l’autre. Néanmoins, plusieurs méta-analyse concordent pour estimer que le risque de tuberculose parmi les soignants est environ deux à trois fois supérieur au risque de la population générale de même âge. Dans les hôpitaux accueillant des patients tuberculeux, le personnel de laboratoire a également un risque d’infection significativement plus élevé que le personnel administratif.
Les études recensées sont néanmoins anciennes. L’efficacité certaine des mesures de prévention (isolement et traitement précoce, ventilation, port de masques, postes de sécurité microbiologique en laboratoire…) alliée à une diminution de l’incidence de la tuberculose entraînent une diminution du risque d’infection tuberculeuse chez les soignants que viennent confirmer les données d’une enquête récente menée auprès des services de médecine du travail de 41 établissements ou groupes d’établissements hospitaliers montrant une incidence de 4,1/100 000 (comparable à celle dans la population générale) .
Néanmoins, il faut souligner qu’une tuberculose contagieuse chez un professionnel de santé, qu’elle soit d’origine professionnelle ou non, peut avoir des conséquences lourdes en termes de risque pour les patients démontrant l’importance des enquêtes à mettre en place.
Prévention
Prévention primaire
A) La vaccination par le BCG :
Si l’efficacité du BCG sur les formes graves de l’enfant est reconnue, la prévention des formes de l’adulte, en particulier les tuberculoses pulmonaires, est plus discutée. Compte tenu de cette insuffisance d’efficacité, d’ effets secondaires non négligeables couplés à la diminution de l’incidence des tuberculoses en population générale et parmi les professionnels exposés grâce à l’application des mesures de prévention « air ».
L’ obligation de vaccination par le BCG a été suspendue pour les professionnels de santé : Décret n° 2019-149 du 27 février 2019 modifiant le décret n° 2007-1111 du 17 juillet 2007 relatif à l’obligation vaccinale par le vaccin antituberculeux BCG. JORF n°0051 du 1 mars 2019 texte n° 21. Toutefois, le calendrier des vaccinations 2019 souligne que cette vaccination peut être recommandée au cas par cas par le médecin du travail chez certains professionnels très exposés
Afin d’aider les médecins du travail et de prévention des structures confrontées à la tuberculose à évaluer le risque pour poser les éventuelles indications d’une vaccination BCG, le GERES a élaboré un guide :
Risque de tuberculose professionnelle – Prévention et suivi – place du BCG
Il vise à leur permettre de proposer une optimisation des stratégies de prévention et de dépistage dans leur établissement.
Il peut également être utile aux responsables de ces structures. Il est composé d’un noyau commun à tous les milieux de travail portant sur la démarche et les recommandations de base, complété de 6 fiches de synthèse pour chaque secteur d’activité.
Pour accéder au guide, consulter la rubrique » Vaccination contre la tuberculose (BCG) «
B) Les Précautions complémentaires « AIR »
Résumé
Recommandations RT1 à RT5 – extraites du guide SF2H : Recommandations nationales – Prévention de la transmission croisée par voie respiratoire : Air ou Gouttelettes. (2013 – Volume XX – n° 1 – p15-16 )
– Devant une suspicion de tuberculose pulmonaire, des précautions complémentaires « Air » :
- doivent être mises en place dès l’entrée dans l’établissement ;
- seront levées en cas d’ examens microscopiques négatifs sauf si :
- la clinique et l’imagerie thoracique sont en faveur d’une tuberculose pulmonaire active,
- le patient est au contact d’un sujet immunodéprimé (essentiellement VIH+ ou sous immuno-modulateurs),
- il existe un risque de tuberculose multirésistante aux antibiotiques
– Devant une suspicion de tuberculose pulmonaire, il faut attendre d’avoir les résultats négatifs de trois examens microscopiques d’expectoration ou de tubage gastrique avant de réaliser une bronchoscopie bronchique.
– La durée des précautions Air en cas de tuberculose pulmonaire active contagieuse (examen microscopique positif ou conviction clinique) est d’au moins 15 jours à partir de la mise en route du traitement.
– En cas de forte suspicion ou de diagnostic de tuberculose multirésistante aux antibiotiques, il faut immédiatement mettre en place les précautions complémentaires Air et s’assurer de leur maintien pendant toute la durée de l’hospitalisation.
C) Diagnostic et traitement rapide de la tuberculose maladie
Chez les malades tuberculeux, la contagiosité diminue rapidement dès la mise en route du traitement , par baisse de l’inoculum et diminution franche de la toux .
Après 15 jours de traitement efficace la contagiosité est pratiquement nulle dans la majorité des cas.
Prévention secondaire
Le traitement de l’infection latente chez les personnes « infectés récents » ou » à risque » diminue d’environ 80 % le risque de développer une tuberculose maladie .
Le dépistage (test IGRA ou IDR) des sujets infectés lors d’une enquête autour d’un cas permet d’identifier les personnes infectées à traiter : cf rubrique » surveillance des personnels de santé «